Conférence européenne
"L'accueil des migrants en milieu rural". Kilingi Nõmme lance le débat du 13 au 15 juillet 2018.
Il va de soit, une thématique aussi européenne ne laisse pas indifférents les Villages Culturels d’Europe. Au sein du réseau, les contextes nationaux et régionaux sont très différents. Entre la Bretagne et le sud de la Hongrie, l’Estonie ou l’île de Paxos en Grèce, un fossé sépare les expériences liées aux migrations. Mais l’amitié construite depuis presque 20 ans permettra, nous l’espérons, d’aborder ce sujet sensible avec tous. Comment les citoyens gèrent-ils cette question de l’accueil des migrants ? Quels en sont les freins ? Comment y répondre ? La conférence de Kilingi-Nõmme en juillet prochain permettra à chaque village de s’exprimer et à tous de gagner en humanité.
L'ESTONIE, UN ETAT, UNE NATION
De retour de Kilingi-Nõmme pour la conférence annuelle, nous avons appris beaucoup sur ce pays, et avons été impressionnés par l'histoire incroyable de ce peuple. Nous partageons avec vous quelques enseignements...
L'histoire récente de l'Estonie est une suite terrible de conquête de son territoire par les pays voisins. En 1918, les Estoniens se sont battus contre les Soviétiques, perdant la bataille pour l'indépendance et se voyant imposée une République "indépendante-associée".
Le pacte germano-soviétique signé en 1939 place l'espace estonien dans la sphère soviétique. En 1941, la fin du pacte lance l'armée allemande à la conquête du territoire estonien. Nombreux d'entre eux porteront l'uniforme de la Wermach souhaitant chasser l'envahisseur soviétique. La répressions a fait 7800 morts et les Nazis ont organisés la déportation des juifs.
A la fin de la 2nde guerre mondiale en 1944, l'armée soviétique conquiert de nouveau l'Estonie et installe une République Soviétique de l'Estonie qui est intégré au territoire de l'URSS. La population estonienne endure une répression terrible.
"Seven Smoke", 1984, Collection du Musée National d'Estonie
Comment construire une nation avec des histoires personnelles aussi différentes?
Les familles sont éclatées, une partie des élites adhère au parti communiste d'Estonie, une émigration importante vers les pays de l'ouest s'installe (70 000 personnes quittent le pays), les opposants sont déportés en Sibérie (21 000 personnes), les soutiens de l'armée allemande sont fusillés, les résistants aux deux camps exécutés (1 500). Soit près de 10% de la population déplacés ou disparus.
A partir de 1987 les Estoniens mettent en place une révolution tranquille qui aboutira à l'indépendance de l'Estonie. Un des paradoxes de l'Histoire, c'est le Soviet Suprème qui déclarera l'indépendance le 20 août 1991.
Comment construire une nation ? Identifier un peuple ?
Les Estoniens, en 1991, se sont trouvés confrontés à la question "Que faire de notre liberté?".
Le musée national estonien va constituer un récit national en partant de l'histoire des tribus du Grand Nord et de leur développement vers l'ouest (l'Estonie actuelle) et vers le sud. On trouvera des similitudes linguistiques entre le hongrois actuel, le finlandais et l'estonien.
Aujourd'hui, le besoin d'identification collective est très fort, en particulier par la pratique des danses traditionnelles et du chant choral.
Musée National d'Estonie
Kilingi-Nõmme, danses traditionnelles
Comment construire un État et des Institutions à partir de presque rien ?
Parallèlement à ce travail, les estoniens vont construire un état en mettant en place des institutions. La constitution est adoptée par référendum en 1992, et le départ des troupes russes à lieu en 1994. Ils adhèrent à l'OTAN en 1991, à l'Union Européenne 2004 et à l'euro en 2011.
Cette marche forcée ne fut pas sans risques ni anicroches, en particulier la crise de 2008 laissera des traces encore sensibles aujourd'hui.
Le pays est dirigé par une présidente, Kersti Kaljulaid.
Il est à la pointe en thermes de numérique.